Baisse des financements culturels et maintien des projets routiers dans l’Hérault : faut-il sacrifier l’art et préserver l’asphalte ?

6 millions d'euros c'est le budget amputé de la culture ; cela équivaut à 3km de routes.
Suite à l'affaiblissement continu des dotations de l'État, le Président socialiste du Département de l'Hérault, Kléber Mesquida, annonce une baisse drastique des financements culturels de 48%, affectant les subventions aux artistes, aux associations et aux lieux de diffusion du territoire.
D’abord, il importe de rappeler le rôle essentiel du Président Macron, de ses gouvernements successifs, de ses députés, de ses soutiens nationaux et locaux dans cet effondrement des grands budgets sociaux, culturels et écologiques.
Les choix nationaux faits depuis de nombreuses années sont l’origine directe des sacrifices locaux demandés aujourd'hui.
Et tous les élus locaux héraultais qui ont soutenu cette politique d’Emmanuel Macron depuis des années en sont essentiellement et prioritairement responsables. À eux aussi de venir combler par leurs choix locaux les manques qu’ils ont voulu, décidé, et créé nationalement.
Pour autant, ces coupes budgétaires au budget départemental, décidées sans concertation et sans réflexion sur les alternatives témoignent d'une paresse intellectuelle. Ce sont bien nos collectivités qui font des choix politiques et la culture héraultaise ne devrait pas être l'otage du bras de fer budgétaire engagé avec l'État.
Ainsi, il est flagrant que le Département réduise son soutien à la culture tout en maintenant des financements sur les routes, dont les dépenses sont souvent mal adaptées voire obsolètes.
Les conséquences sur les emplois et l'économie seront funestes : l'économie de la culture est déjà fragile mais c'est aussi un facteur indispensable d'attrait touristique. Festivals, concerts, évènements créent de la vie, attirent des spectateurs et font fonctionner les commerces locaux. Cette décision met aussi en péril des théâtres et avec eux de nombreux intermittents, acteurs, techniciens, producteurs et autres professionnels déjà en difficulté.
Par ailleurs, réduire les financements de la culture c'est aussi affaiblir notre identité culturelle et augmenter les inégalités entre les territoires, notamment les zones rurales ou moins desservies.
Le Département est un partenaire historique des institutions culturelles et sa présence développe un maillage artistique robuste et diversifié sur notre territoire. Le dispositif "Collèges en tournée" par exemple, qui permettait aux artistes de rencontrer des jeunes dont la plupart n'avaient jamais eu accès à des propositions artistiques, est désormais en péril.
C'est donc une décision politique qui manque de vision à long terme. Cela remet en cause la conception même de la culture comme un service public essentiel et fragilise les personnes qui œuvrent au quotidien pour faire vivre ce service.
Les théâtres sont nos maisons communes, ce sont des lieux de débat, des lieux de répit, des lieux de transmission, des lieux où l'on cherche à comprendre le monde, des lieux où l'on s'ouvre au monde.
Réduire les financements, c'est éteindre la lumière et laisser la place à l'ignorance, empêcher les artistes de nos territoires de travailler pour faire entendre le monde.
Nous sommes habitués à la politique ultra libérale de la droite qui tranche sans émotion les budgets culturels.
Mais nous n’approuvons pas que le département fasse de même, en se désengageant prioritairement de l'idée d'une culture de service public.
Le secteur associatif, premier employeur de France, est impacté par cette décision. Alors qu’il traverse une crise du bénévolat, c’est un mépris considérable lancé à celles et ceux qui ne comptent pas leur temps pour être au plus proche des publics.
Cela montre un manque de vision sur la place de la culture dans notre société et son rôle pour la démocratie, le vivre ensemble et le dynamisme de notre département.
Les groupes locaux EELV / Les Écologistes du département dénoncent ce choix dévastateur de sacrifier la culture et demandent au Président de revenir sur sa décision et d'engager un dialogue constructif avec l'ensemble des acteurs culturels.
Nous croyons fermement en la culture comme vectrice de lien social et d'émancipation. Nous croyons à une culture vivante, qui stimule les imaginaires, qui nous rassemble dans notre diversité, qui nous ouvre les portes du vivre ensemble.
Notre territoire, riche de diversité, est précieux, ne le sacrifions pas dans des choix arbitraires et précipités, dépourvus de perspectives pour l'avenir.
EELV Les Écologistes - Les Groupes Locaux de l'Hérault : Lez Pic St Loup, Lunellois, Montpellier, Mosson, Pays de l’Or, Sète, Thau et Vallée de l’Hérault.