Meeting unitaire du collectif 34 pour les retraites avec Eva Sas des Verts : "nous pouvons faire reculer le gouvernement"

Eva SASIntervention de Eva SAS lors du meeting unitaire de Montpellier le 16 septembre 2010 Une autre réforme est possible, plus juste, plus équilibrée Nous, écologistes, nous nous mobilisons contre la réforme que propose le gouvernement, parce qu’elle est brutale et injuste. A- Cette réforme est injuste Pourquoi ? Pour 3 raisons au moins. 1 - Parce qu’elle pénalise les plus faibles Le report de 60 à 62 ans ne fait porter le financement QUE sur ceux qui ont commencé à travailler jeunes. Elle crée, de plus, une rupture d’équité. Pour pouvoir liquider ses droits à la retraite, un salarié qui a commencé à 18 ans aura cotisé 44 ans, alors que celui qui a commencé à 21 n’aura cotisé que 41,5 ans. 2 - Parce qu’elle touche particulièrement les femmes Le report de l’âge de la retraite sans décote de 65 à 67 va toucher tous les parcours précaires, tous ceux qui n’ont pas réuni tous leurs trimestres de cotisations, et en particulier les femmes. Aujourd’hui, 3 femmes sur 10 doivent attendre 65 ans pour liquider leurs droits à la retraite parce qu’elles n’ont pas réuni tous leurs trimestres. Demain, elles devront soit attendre 67 ans, soit se voir appliquer une décote, qui viendra diminuer leur faible retraite. 3 - Parce que cette réforme ne prend pas en compte cette injustice majeure qu’est la différence d’espérance de vie entre ouvriers et cadres La réforme du gouvernement est révoltante, parce qu’elle ne propose des départs anticipés (et à 60 ans encore !) que pour les salariés déjà en incapacité médicale, et non ceux qui ont été exposés à des risques dont on sait qu’ils affectent directement l’espérance de vie, ou l’espérance de vie sans incapacité. Aujourd’hui, un ouvrier a une espérance de vie inférieure de 6 ans à celle des cadres en moyenne. C’est la première des inégalités et le gouvernement refuse de la prendre en compte. Les études montrent que la différence d’espérance de vie est notamment lié à 3 type de risques : • L’exposition à des produits toxiques ou cancerogènes • Le travail de nuit • Le port de charges lourdes Ces critères sont reconnus par les organisations syndicales de salariés et le patronat. Certains accords d’entreprise, comme celui de Rhodia, reconnaissent le droit aux départs anticipés pour les salariés qui ont été exposés à certains de ces risques. Le gouvernement serait-il aujourd’hui en retard sur une partie du patronat ? B- Cette réforme est donc injuste, mais elle est aussi brutale. Pourquoi ? parce que le gouvernement veut donner des gages aux marchés financiers et aux agences de notation, leur montrer qu’il est en capacité de réduire rapidement les déficits. Or pour nous, écologistes, il faut inscrire la réduction des déficits dans une perspective de moyen terme. Il ne faut pas sous-estimer le rapport de forces que nous avons aujourd’hui avec les marchés financiers qui vont avoir besoin de la dette des Etats, des obligations d’Etat pour remplir les normes prudentielles qui sont en train d’être négociées au niveau international. De plus, une garantie réciproque des dettes entre Etats européens permettrait de ne plus laisser prise aux attaques spéculatives. Une réponse politique européenne aux marchés financiers est donc possible. C’est cette réponse politique qu’il faut construire, au lieu de céder à la pression immédiate des marchés financiers. Les constats que nous faisons là sont partagés. Cette réforme est injuste, cette réforme est brutale. Il faut donc se battre pour le retrait de ce projet de loi, et l’instauration d’un véritable débat sur la réforme des retraites qui permette la construction d’un consensus autour de cet enjeu de société. C- Notre rôle, celui des partis politiques dans cette bataille, c’est de lutter contre la résignation en montrant que des solutions crédibles existent. Oui, il faut une réforme, parce qu’il y a devant nous un besoin de financement très important de l’ordre de 3 points de PIB en 2030, si l’on se base, comme nous le faisons, dans un scenario pessimiste avec un faible taux de croissance à 1,6 en moyenne sur la période. Ce qui veut dire 80 Milliards en 2030. C’est un besoin de financement important et pour y répondre nous proposons un plan équilibré qui jouent sur tous les leviers. 1 - Une augmentation modérée des cotisations :+ 2 % en 20 ans 2 - La mise à contribution des revenus du capital. Les revenus du patrimoine (dividendes, intérêts) ont augmenté de 46 % en 3 ans (2004-2007), contre 11% pour les revenus du travail. Aujourd’hui c’est le principal vecteur d’inégalités, celui qui fait que les plus riches s’enrichissent. Notre proposition, faire contribuer les revenus du capital au financement des retraites et notamment doubler la CSG sur les revenus du patrimoine : cette seule mesure peut rapporter 7 mds d’euros par an. 3 - Supprimer les exonérations inutiles de cotisations sociales, et notamment les exonérations TEPA sur les heures supplémentaires. A elles seules, ces exonérations créent un manque à gagner de 1,2 Mds € pour les cotisations retraites 4 - Développer le passage progressif à la retraite à temps partiel pour ceux qui souhaitent aller au-delà de la durée actuelle de cotisations. Aujourd’hui c’est une possibilité, mais cela doit devenir un droit, que l’employeur ne peut refuser. Les entreprises doivent adapter leurs conditions de travail pour les seniors. Et nous estimons que ces aménagements permettront à ceux qui le souhaitent de pouvoir travailler plus longtemps. Avec l’ensemble de ces mesures, on peut financer la réforme des retraites. Oui l’effort financier est important, et c’est parce qu’il est important qu’il faut le repartir justement. D’autres solutions sont possibles, plus justes, plus équilibrées et c’est pour cela que nous nous mobilisons, aux côtés des organisations syndicales, pour le retrait de cette réforme.