LA FABRIQUE DES GARÇONS

Repenser l’éducation des enfants, déconstruire les stéréotypes des adultes,

Revoir l'image de la place des hommes, mener à bien un projet ambitieux à l’échelle d’un territoire.
75% des budgets publics étant pour les hommes, les budgets publics sont à genrer.
La vision de la ville à transformer culturellement.

Un pays, une Région, un Département, une Métropole, une commune, des quartiers, ma rue, un voisinage : autant d’espaces qui sont un monde que nous traversons et arpentons.

Tous ces lieux sont notre environnement. ils sont à moi autant qu’à d’autres : « ma patrie », « mon école », « mes voisins », et pourquoi pas « mon banc » et « ma boulangerie »...
L’espace public est à toutes et à tous. Pour la sphère privée, nous arrivons au coeur d’un foyer, d’un intérieur, d’un lieu de vie où nos mouvements sont familiers, dans un domaine plus intime, réduit.
En appartenant à une communauté nationale ou familiale, nous apprenons à nous considérer comme possédant les lieux partagés avec d’autres et comme faisant partie d’un tout.
Il peut nous sembler logique et légitime, que les droits et les devoirs vis-à-vis de toutes les personnes dans ces espaces soient partagés de même et nous mettent au même niveau d’égalité pour y exercer nos droits et respecter nos devoirs. Et ce quelle que soit l’heure.
Or l’organisation de ces espaces appartient de plein droit à certaines catégories de personnes et ne laisse qu’une place réduite à d’autres, dans des règles réinventées de partage, souvent acceptées quoique subies  dans un partage « équitable ».
Oui mais voilà : l’équité n’est pas l’égalité. l’équité rend justice, équilibre, aide, mais n’oblige à rien, et certainement pas à l’égalité stricte de traitement.

Les filles et les femmes représentent 52 % de la population française.
Les filles et les femmes ne sont pas des « deuxième sexe », arrivant après. Les filles et les femmes ne sont pas « le sexe faible ». Les filles et les femmes ne sont pas les « ministres des affaires intérieures », même pas si on veut bien leur faire croire.

Les cours d’écoles, de collèges sont occupées centralement par les garçons,
Les rues et quartiers entrainent des stratégies d’évitement pour les filles et les femmes,
Les affichages publics et publicités privées rejouent la ritournelle des stéréotypes, inondent l’espace public commun et objectivent le corps des femmes,
Les budgets sportifs et équipements de loisirs sont ciblés à 75 % pour les activités dites masculines et empêchent la mixité,
C’est le "manspreading" : l’étalement de l’homme, du masculin, présence triomphale et souvent inconsciente de ses privilèges d’être à sa place. Transports en commun où s’écartent les cuisses des garçons et des hommes.
Ce qui est visible à l’oeil nu dans l’espace public et caché dans l’espace privé est accompagné de statistiques imparables : agressions, violences physiques et verbales, attouchements et menaces, quolibets, regards, pression, viols.

Comment renverser le systémique de cette situation ?
Qui décide de cela ?
- Jusqu’où s’étendent les symboles de la domination masculine ? Du noyau familial à la prépa, de la crèche à l’école, dans la rue, en apprentissage : comment éduquer les garçons à regarder les filles avec altérité non comme d’autres mais comme pareilles, non comme inférieures mais comme égales ?
- Comment redonner confiance aux filles et aux femmes, les légitimer, leur désapprendre à elles aussi les gestes et les réflexes qui les maintiennent dans une forme de servage : se justifier, se cacher, se défendre ...épuisante mécanique ?
- Comment former nos personnalités politiques à intégrer l’échec des politiques reproduisant ces patentes inégalités, à l’urgence d’une prise de responsabilité publique courageuse, ferme et pédagogique ?
- Comment accompagner parents et professeur·e·s à s’allier pour voir l’éducation à l’égalité entre sexes comme primordiale, dépassant toutes les autres priorités ?
- Comment faire prendre conscience à touz que certaines pourraient avoir plus de droits et certains plus de devoirs ?
Seule une politique volontariste en la matière pourra nous garantir la paix sociale.

La fabrique des garçons , en référence à la fabrique des filles, de Rebecca Rogers et François Thébaud , en clin d’oeil au magistral classique Du côté des filles d’Elena Gianni Belotti, est un contreprojet joyeux qui s’annonce. Nous avons intérêt, toutes et tous, à ne plus penser en termes de « places» mais d’existences en partage et de liberté à être, tout simplement.
Et si l’exercice est de taille, il est à notre portée.